Pour le maire « il nous revient, à nous tous comme aux générations futures, de perpétuer ce souvenir, si dur et tragique soit-il, ne le banalisons pas ». Hasard du calendrier, la date du 24 avril coïncide avec celle du début du génocide arménien en 1915, raison pour laquelle le maire a invité Gérard Deyrmendjian, représentant la communauté arménienne, à déposer la gerbe au nom de la municipalité. Après la lecture du message ministériel par deux enfants du CCJ, la chorale patriotique et l’Harmonie Réveil Sigean au grand complet ont interprété l’hymne national, le Chant des Partisans et le Chant des Marais.
Reportage William Barbier
Exercice périlleux de dire « profitons-en pour avoir une pensée pour toutes les victimes de la haine, de la violence, de l’intolérance, du racisme, de la terreur, … » quand des noms de villes comme Kiev ou Marioupol deviennent aussi effrayants que Auschwitz, Dachau ou Buchenwald. La jeune génération, sur laquelle on s’appuie dorénavant pour perpétuer le devoir de mémoire des millions d’hommes et de femmes qui ont péri dans les camps de concentration, est elle-même confrontée, rien qu’en suivant les informations actuelles, à ce que la nature humaine peut générer comme atrocité.
Alors que des mots que l’on espérait d’un autre temps tels que « nazi » ou « déportation » font l’actualité en Ukraine, c’est en présence des jeunes élus du Conseil Communal Jeunes que le maire de Sigean, Michel Jammes, rendait hommage aux victimes et aux héros de la déportation de la seconde guerre mondiale
Sigean 24/04/2022: La mémoire ne faiblira pas demain
Difficile de ne pas faire un parallèle avec la fin du systèmeconcentrationnaire et génocidaire nazi il y a 77 ans, et la triste réalité actuelle avec la résurgence d’idéologies porteuses d’exclusion, du spectre des dictatures, des replis nationalistes, et les tentatives de réécriture de l’histoire par le biais d’une déshumanisation programmée par la terreur. En déposant les gerbes au pied du Monument aux Morts, vers quelles victimes, passées ou à venir, allaient les pensées de Jean-Claude Colombies, président des Médaillés Militaires, de Patrice Ménard représentant le maire Henri Martin, de Roger Richard, et de René Tillet, président de l’AMMAC ?
Reportage William Barbier
…comment peut-on interpréter les paroles de Geneviève Darrieussecq « ces événements que l’humanité a condamnés et que nul ne souhaite voir se reproduire » ? Alors que la menace d’une troisième guerre mondiale est clairement évoquée, c’est en l’absence de Jean-Bernard De Block, président de l’Amicale des Anciens Combattants des Corbières Maritimes (AACCM), que Roger Richard a lu le message dans son intégralité.
Alors que le mot « génocide » est clairement prononcé sur toutes les chaînes d’information dans le cadre de l’invasion russe en Ukraine, et se retrouver devant le monument aux Morts ce 24 avril 2022 pour la Journée Nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation…
Port-La Nouvelle 24/04/2022: L’actualité alimente les prochains devoirs de mémoire
L’AG fut l’occasion de décerner des décorations, le maire Michel Jammes épinglant la médaille d’honneur de sociétaire SNEMM échelon argent à Christian Guipet, et remettant le diplôme d’honneur de porte-drapeau « 3 ans » à Hervé Arnal. Moment d’émotion lorsque Jacky Loison a remis la médaille d’honneur échelon vermeil à Francis Jalabert et à Jean-Louis Loubarié. A l’issue du vote pour le nouveau bureau, Jean-Claude Colombiès a été élu président, lui-même qui avait été mandaté,avec Hervé Arnal, pour procéder à la vérification comptable de l’exercice 2021 de la section, et qui venait de se voir décerner la médaille d’honneur échelon bronze. Sans surprise, Hervé Arnal devient trésorier de la section, et reste bien sûr porte-drapeau titulaire à Sigean.
Dans son rapport moral, Jacky Loison a noté la souffrance en 2020 et 2021 du monde associatif et combattant privé de rassemblements mémoriels pour cause de pandémie, et de déplorer « le manque de reconnaissance croissant, voire un abandon, amorcé au plan national des associations d’anciens combattants ». Ces mêmes anciens combattants pour qui la stabilité internationale reste en perpétuelle fragilité, avec pour preuve le drame qui se joue en Ukraine ou les mouvements sociaux en France, passés ou à venir dans le contexte de cette année électorale. Au sein de la section, la solidarité s’est traduite par deux dossiers d’aide à la scolarité pour études supérieures ou universitaires, « dossier introduit le matin, et le chèque part le soir », et la distribution de sept colis de Noël aux sociétaires.
Suite en 2021 à la démission du président de la Société Nationale d’Entraide de la Médaille Militaire (SNEMM) 1448e section de Sigean-Durban, le lieutenant Jacky Loison, président de l’union départementale des Médaillés Militaires, a mis un nouveau bureau en place au cours de l’AG de ce 19 mars 2022.
Sigean 2022: Nouveau président pour les Médaillés Militaires
Après le dépôt de gerbes de la municipalité, des associations patriotiques et des sapeurs-pompiers de Sigean, ainsi qu’un bouquet des enfants de l’école primaire, l’Harmonie Réveil Sigean et le chœur patriotique dirigé par Lionel Torra ont entamé la Marseillaise en hommage à ces « Morts pour la France ». Mais la cérémonie ne s’est conclue sur cet hymne national, et faisant référence au récent hommage aux « Morts pour la Patrie » lors de la guerre perdue pour la France de 1870, les musiciens et les choristes ont surpris le public par une émouvante interprétation de « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ». Plus d’un siècle s’est écoulé depuis ces deux conflits, et le maire précise « n’oublions pas qu’en ce 11 novembre nous honorons également les Morts pour la France des autres conflits, notamment les pertes militaires en opérations extérieures (Opex), ils sont à ce jour 549 Morts au Service de la France ».
« cette commémoration est double, elle célèbre les morts et également les vivants ; ce monument au jardin public est érigé à la gloire des vainqueurs de 1918, ceux qui en sont revenus et ceux qui auront contribué à la victoire en donnant leur vie, les Poilus ne deviendront pas les oubliés de la République ».
« Que serions-nous devenus sans Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération ? » fut la question posée par le président de la République ce 11 novembre à Paris. A Sigean, le maire Michel Jammes s’est posé la même question concernant les 107 Compagnons sigeanais qui ne reviendront pas de ce premier conflit mondial supposé être la der des der :
Sigean 2021: Une commémoration pour assurer la permanence du souvenir
Ce 20 août 1914, Henri Paul succombe à ses blessures. Aujourd’hui, son nom figure sur le Monument aux Morts de Sigean et sur la plaque se trouvant dans l’église Saint-Félix, et sa sépulture se trouve, abandonnée, au cimetière à l’emplacement C6. Abandonnée, mais néanmoins fleurie en ce temps de Toussaint par le Souvenir Français de Sigean avec un bouquet aux couleurs du drapeau français. Abandonnée mais qui sera néanmoins restaurée et entretenue par les services municipaux. Une autre céramique sur la tombe indique que Henri Paul n’est pas seul, sa mère Claire, décédée le 24 janvier 1946 à l’âge de 79 ans, est venue le rejoindre pour l’éternité.
Ce même régiment qui le 19 août 1914 traverse Dieuze (Lorraine) évacuée par les Allemands, l’avant-garde étant accueillie par un violent feu de mousqueterie à peine engagée dans la plaine de Vergaville. Le combat fait rage jusqu’à la nuit. L’ordre d’attaque est donné à nouveau au lever du jour, et les vagues d’assaut subissent un feu intense de mitrailleuses et d’artillerie lourde. Des vides énormes se creusent dans les rangs du 61e régiment, et les vagues reformées s’élancent à nouveau, mais en vain, les rares survivants s’accrochant au terrain en s’efforçant de d’organiser une ligne de résistance. Dans l’après-midi du 20 août, le repli est ordonné, les compagnies et les sections de mitrailleuses chargées de couvrir leur retraite accomplissant leur mission avec un admirable esprit de sacrifice, cédant pas à pas le terrain à un ennemi supérieur en nombre et infligeant de lourdes pertes.
Une céramique brisée au sol mentionnant « tué à l’ennemi » permet d’identifier la tombe abandonnée d’un Sigeanais Mort pour la France, celle de Henri Paul IHLE. Né le 1er août 1892 à Sigean, fils de Jean Etienne Ihle et de Claire Rey, il a 21 ans et est célibataire quand il est recruté le 9 octobre 1913 à Narbonne et affecté au 61e Régiment d’Infanterie à Aix comme soldat de 2e classe.
Sigean: Mort pour la France, abandonné mais pas oublié
Corinne précise « suite à l’article du 7 septembre dans L’Indépendant, je me suis rappelée que dans ma famille Marty, issue du nom Boulet, il y a eu des Martin ; j’ai donc entrepris des recherches auprès des archives départementales numérisées, et je suis remontée jusqu’à Boulet Rose Justine Marguerite, une Sigeanaise étant la sœur de mon arrière-arrière-arrière grand père Boulet Pierre François, Sigeanais aussi. Elle a épousé un Martin François avec qui elle a eu deux enfants, François né le 8 mai 1847, et son frère Léandre trois ans plus tard et décédé à l’âge de 10 ans. C’est ce fils François qui n’a pas survécu à ses blessures et est Mort pour la Patriele 11 mars 1871, quelques semaines après l’armistice du 28 janvier 1871 ». Corinne ne s’attendait pas à participer si activement à cette cérémonie de la fin de la guerre de 1870 un 1er novembre, une initiative unique en France du Souvenir Français de Sigean.
Pour cette guerre, trois batillons vont se constituer dans l’Aude, 500 Audois n’en reviendront pas, parmi lesquels 5 Sigeanais : Etienne Barthe (+ 28/1/1871), Louis Dat (+ 15/1/1871), François Martin (+ 11/3/1871), André Rigaud (+ 10/2/1871) et Hilaire Bayle (+25/12/1870). Par voie de presse, le président du Souvenir Français de Sigean, Dominique André, a lancé un appel pour rechercher des descendants de ces soldats. Cet appel fut entendu, et c’est en compagnie de Corinne Marty, épouse Rodier, pharmacienne à Sigean, que le maire Michel Jammes a dévoilé la plaque commémorative.
Pour célébrer ce 1er novembre le 150e anniversaire de la fin de la guerre de 1870, un drapeau français cachait une nouvelle plaque apposée au monument aux morts du cimetière de Sigean. Ce premier conflit meurtrier franco-allemand qui fera le lit de la 1ère guerre mondiale laissera du côté français 139 000 mots et 474 000 prisonniers.
Sigean: Une cérémonie comme nulle part ailleurs en France
" Un hommage solennel aux victimes des génocides "
Une cérémonie digne pour que l’horreur de la déportation dans les camps d’extermination et de concentration nazis demeure dans la mémoire collective : des êtres humains furent définis en surhommes et sous-hommes jugés dignes ou indignes de vivre, sur base d’un programme politique raciste éliminant les individus sur base de leur patrimoine génétique (eugénisme). Le maire Michel Jammes et le maire-adjoint Gilles Fages ont déposé la gerbe au nom de la municipalité. Dominique André, président du Souvenir Français de Sigean, et Henri Palazon, président de la FNACA, ont déposé la gerbe au nom des associations patriotiques.
Le message rédigé par la FNDIRP, la FMD et l’UNADIF-FNDIR a été lu par Jean-Bernard De Block, président de l’AACCM et des Médaillés Militaires, message qui met en garde « Il nous faut aujourd’hui encore résister à de nouvelles formes de fanatisme et de barbarie qui entendent promouvoir une vision raciste de l’humanité et détruire la liberté et la démocratie par la terreur ». Michel Jammes ajoute « il y a beaucoup de génocides dans le monde, pour des raisons politiques, économiques, raciales, de couleur de peau, de religion ; c’est aujourd’hui la journée du Génocide Arménien que viennent de reconnaître les Etats-Unis, il est donc important de la marquer par les hymnes interprétés ce jour ». Toutes les générations ne devront jamais considérer que l’horreur vécue par des milliers d’êtres humains soit une simple page documentaire de l’histoire du XXe siècle.
Reportage William Barbier
« Nous avons célébré ce 25 avril la journée nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation avec un public réduit, mais comme si nous étions dans une époque normale » déclara le maire Michel Jammes, après l’interprétation du Chant des Marais. Tout comme pour le Chant des Partisans et la Marseillaise, l’Harmonie Réveil Sigean était représentée par Lionel Torra à la trompette, et la « chorale patriotique » par Jacques Torillon, membre de la FNACA.
La personne avec qui il a ensuite déposé une gerbe au nom de la municipalité est le dernier survivant sigeanais de cette guerre : « Siegfried Cirès fut parmi les combattants français de 1951 à 1954 lors des affrontements sur le territoire du Tonkin au moment où la lutte s’intensifiait du fait de l’implication encore plus forte des Chinois ; il sut faire front comme ses camardes avant d’être évacué vers l’Afrique du Nord ». Ces trois années sont à jamais gravées dans la mémoire de Siegfried, élevé au grade de sergent dans la Légion Etrangère qu’il servit pendant plus de six ans. Honorer quelqu’un de vivant fut un privilège ce jour-là pour le maire, faisant passer au second plan la lecture du message officiel de la ministre déléguée auprès de la ministre des Armées. A la fin de la cérémonie, le maire cita Winston Churchill « un peuple qui oublie son passé se condamne à le vivre », faisant référence à des promeneurs totalement indifférents au devoir de mémoire, et à deux adolescents passant à vélo près du monument aux Morts, au moment de l’interprétation de la Marseillaise, en imitant les rodéos urbains à moto.
De 1946 à 1954, la guerre d’Indochine fit plus de 500 000 victimes, faisant date dans le démantèlement de l’Empire colonial français, les accords de Genève signés en juillet 1954 par Pierre Mendès France offrant à la France une sortie digne du conflit. Ce 8 juin 2021, date anniversaire de l’inhumation en 1980 du corps du soldat inconnu de la guerre d’Indochine, le maire Michel Jammes a cité le nom des trois Sigeanais Morts pour la France lors de ce conflit
« Devoir de mémoire d’une guerre qui peut paraître lointaine »
L’interprétation de la Marseillaise, du chant des partisans et du chant des marais, a été assurée par Lionel Torra à la trompette et Jacques Torillonau micro. Le maire a souligné que cette seconde guerre mondiale a fait plus de victimes civiles que de soldats tombés sur les champs de bataille, une guerre accompagnée d’épurations ethniques et de génocides, ce qui a fait dire au Général de Gaulle que « pas un effort de ces soldats, de ces marins, de ces aviateurs, pas un acte de courage ou d’abnégation de ses fils et de ses filles, pas une souffrance de ces hommes et de ces femmes prisonniers, pas un deuil, pas un sacrifice, pas une larme n’auront donc été perdus », devoir de mémoire respecté donc. Le maire a terminé la cérémonie par une phrase qui s’applique tant au contexte de la cérémonie qu’à la cruelle actualité, « nous aurons une pensée pour les dernières victimes du fanatisme et du devoir ».
Reportagr William Barbier
Les rangs des acteurs et témoins des grands conflits, à savoir ceux de nos Anciens Combattants, s’éclaircissent inexorablement, et il n’y a pas une seule commémoration patriotique qui ne fasse appel aux jeunes générations pour perpétuer le devoir de mémoire.
Avec la crise sanitaire actuelle, ces célébrations se déroulent presque à huis-clos, les gestes barrières voulant l’interdiction de la présence de tout public, y compris celuides écoliers. Un dilemme pour le Sigeanais Michel Khloudeeff, qui durant la guerre d’Algérie était engagé volontaire à l’âge de 18 ans dans la Marine, et s’est retrouvé au centre de formation Siroco sur le Cap Matifou près d’Alger, et ensuite embarqué sur un escorteur rapide pour assurer la surveillance des côtes. Retour ensuite au pays pour assurer son service à la base navale de Toulon, avant d’être démobilisé fin 1962. A la retraite, il rejoint en 2010 des compagnons d’armes au sein de la FNACA Sigean et Port-La Nouvelle en qualité de porte-drapeau, une fonction « provisoire » jusqu’à ce jour qu’il cumule avec celle de vice-président aux côtés du président Henri Palazon. Ce 25 avril 2021, Michel a quelque peu bravé les consignes gouvernementales pour la célébration de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, car le seul « public » présent au Monument aux Morts n’était autre que sa fille, sa petite-fille et son arrière-petit-fils âgé de 16 mois. Le message est donc bien passé ce jour-là aux jeunes générations.
« Quatre générations pour perpétuer le devoir de mémoire»
C’est donc ce 8 mai par une citation du Général de Gaulle qu’il a voulu marquer la victoire finale des alliés sur l’Allemagne nazie, la victoire de la liberté sur l’oppression, la victoire de la démocratie sur le totalitarisme : « Tandis que les rayons de la gloire vont, une fois de plus, resplendir au drapeau, la patrie porte sa pensée et son amour d’abord vers ceux qui sont morts pour elle, ensuite vers ceux qui ont, pour son service, tant combattu et tant souffert ». Après le dépôt de la gerbe de la municipalité par le maire et Cécile Barthomeuf (adjointe à la communication), et celle des associations patriotiques par René Tillet (AMMAC) et Jean-Bernard De Block (Médaillés Militaires et AACCM), le texte de Geneviève Darrieussecq a été lu par Dominique André (Souvenir Français de Sigean).
Commémorer la fin d’une guerre qui a laissé derrière elle près de 70 millions de morts, et ce avec un protocole sanitaire limitant le nombre de participants, élus et associations patriotiques,un exercice pour lequel Michel Jammes, maire de Sigean, ne peut se contenter que de lire le message de la ministre déléguée auprès de la ministre des armées.
« Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre »
Winston Churchill
« La France n’est pas seule ! », qui pouvait faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte, et pouvait utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis. Une cérémonie a minima pour cause de protocole sanitaire, deux gerbes posées avec respect au pied du Monument aux Morts, l’une par la municipalité, l’autre au nom associations patriotiques, une Marseillaise en solo de trompette interprétée par Lionel Torra, et une conclusion du Général de Gaulle qui est l’héritage dont il faut se montrer digne « Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France ».
Reportage William Barbier
Quand le maire de Sigean, Michel Jammes, a lu ce 18 juin une phrase telle que « Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! », il ne faisait pas référence aux chances des Bleus de remporter la coupe de l’Euro de football. Ce « non ! » catégorique émanait du Général de Gaulle qui, le 18 juin 1940, depuis Londres, exhortait les officiers, soldats, ingénieurs et ouvriers français à se mettre en rapport avec lui pour vaincre l’ennemi allemand avec les mêmes armes qui poussaient le gouvernement à mettre genou à terre.
« Les anciens se souviennent du 18 juin 1940 »
Pas de Rafales dans le ciel de Sigean, si ce n’est celles de la tramontane pour célébrer pour la 142e année l’action du peuple français qui, en 1789, a décidé de prendre son destin en main : il créa la République. La Constitution dit « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale », tout est dit dans chacun des mots. Une commémoration qui sort cette fois de « l’ordinaire » dicté par le protocole sanitaire, les musiciens de l’Harmonie Réveil Sigean, la chorale patriotique, les sapeurs-pompiers et un public nombreux complétant les omniprésents présidents d’associations patriotiques et leurs porte-drapeaux.
« Le défilé du 14 juillet à Sigean en vidéos de William Barbier et photos de Siegfied Cirès»
Non pas en faisant profil bas, mais bien en donnant deux exemples d’insertion réussie au sein d’un territoire qu’ils n’auraient certainement pas connu s’il n’y avait pas eu la guerre d’Algérie. Il a cité Merzaka Tena, arrivée en 1962 à Rivesaltes, puis à Portel en 1964, et enfin à Sigean en 1985 où elle s’est engagée comme présidente des parents d’élèves d’abord, puis en tant que présidente nationale des Anciens Combattants d’Afrique du Nord et leurs enfants. Arrivé la même année à Rivesaltes, né au lendemain des accords d’Evian, Ahmed Besnaci s’est établi avec sa famille du côté de Clermont-Ferrand. Michel Jammes précise « Ahmed est jeune retraité d’une entreprise dirigée par l’armée, je l’ai connu il y a 40 ans lors de notre service militaire, cette obligation qui permettait alors le brassage des jeunes, et il fait aujourd’hui partie de ma famille ». Tout le monde a compris que la personne qui a déposé la gerbe en compagnie du maire était Ahmed. Et le maire de conclure par un souhait « espérons qu’enfin l’injustice qu’il leur a été faite en 1962 soit réparée, il n’est jamais trop tard pour bien faire », tout en restant lucide sur le fait que « mais 60 ans se sont écoulés, pour tant de harkis, il est beaucoup trop tard ! ».
Au-delà des massacres et de la barbarie sur le sol algérien, personne ne niera les difficultés de l’«accueil» qui fut réservé aux harkis sur le sol métropolitain, ajoutant du malheur au malheur, ce qui a fait dire au Général de Gaulle que « les harkis ne sont pas des rapatriés, mais des réfugiés ». A l’occasion de cette journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives de ce 25 septembre, Michel Jammes, maire de Sigean, n’oubliant pas que sa ville se trouve à quelques kilomètres de Rivesaltes où furent confinés les harkis dont nombreux périrent de froid un soir de Noël 1962, a tenu à mettre du baume au cœur des onze porte-drapeaux et des harkis présents à la cérémonie.
D’aucuns se permettent de voir en la demande de pardon du président Emmanuel Macron aux Harkis un calcul politique à l’aube des présidentielles. Avant lui, François Hollande a reconnu les « responsabilités des gouvernements français » envers les harkis, « notre premier devoir, c’est la vérité » martelait Jacques Chirac
« Le pardon du Président de la république aux harkis, vaut mieux tard que jamais»
Il aurait pu se contenter de la lecture du texte ministériel lu par des enfants du Conseil Communal Jeunes, de la Marseillaise interprétée par l’Harmonie Réveil Sigean, et de la poignée de main aux porte-drapeaux, mais le maire nous a habitué à bousculer le protocole par une intervention personnelle au micro, donnant libre cours à son ressenti dans de telles commémorations.
A ces disparitions s’ajoutent les désistements pour cause familiale ou de maladie, ce qui ramène de 136 à 116 le nombred’adhérents. « Nous sommes dans une tranche d’âge problématique, mais toutes les manifestations patriotiques officielles seront honorées avec nos drapeaux » clame le président, et au vice-président MichelKhloudeeff d’égrener le calendrier 2022, avec une grosse inconnue, le Congrès Départemental de la FNACA. C’est là qu’intervient le maire Michel Jammes qui « est partant pour organiser ce congrès à Sigean ». Il évoque aussi les conditions difficiles des cérémonies patriotiques en petit comité lors du confinement (un porte-drapeau, un président d’association), voire les annulations, et s’est réjoui de la forte participation lors de la cérémonie du 25 septembre dédiée aux harkis avec 11 porte-drapeaux. Il suggère d’ajouter à la liste des cérémonies de 2021 celle du 1er novembre prochain où une plaque mentionnant 5 Sigeanais Morts pour la France durant la guerre de 1870 sera dévoilée au cimetière. Intervenant sur le devoir de mémoire, Marie-Christine Théron Chet, conseillère départementale, regrette que les enfants participant aux cérémonies n’y viennent pas plus naturellement, « il faut qu’ils sachent pourquoi et comment vous vous êtes battus pendant la guerre, et qu’ils ne perdent pas de vue que nous sommes attaqués par une autre sorte de guerre, le terrorisme, et que ce sont eux qui devront l’affronter et trouver une solution pour que le vivre ensemble ne soit pas une utopie »
Reportage illiam Barbier
« « S’il n’y a personne pour me remplacer, je continue », une façon simple et efficace pour Henri Palazon, président de la FNACA, de reconduire tout son bureau lors de son AG de ce 23 octobre à Sigean. Le mot « ancien » devant le mot « combattant » signifie que les rangs des adhérents s’éclaircissent inexorablement, et la séance commence toujours par ceux qui manquent à l’appel pour cause de décès (6 à Sigean, 2 à Leucate et 5 à Port-La Nouvelle).
Sigean: Une AG des irréductibles du devoir de mémoire, ce 23/10/2021
Venant du maire de Sigean, Michel Jammes, c’était le souhait adressé au public lors du dépôt de gerbe ce 17 septembre au Monument aux Morts, à l’occasion de la journée nationale d’hommage aux Harkis. Cette stèle est érigée au cimetière de Sigean pour ces morts oubliés, pour ces morts restés en Algérie, et pour les Rapatriés.
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Sur la place de la mairie le défilé s'était organisé pour se rendre au monument aux Morts du jardin public. En tête du long cotège la musique de l’Harmonie Réveil Sigean, en présence de la municipalité au complet, des associations patriotiques, civiles et militaires, des jeunes du CCJ et une foule de Sigeanais venus souvent en famille.
« Commémoration en images du 11 Novembre à Sigean »
« Qui n’a pas combattu à Verdun ne connaît rien à la misère humaine » a écrit Jacques Péricard, d’abord adjudant et nommé sous-lieutenant en 1945 pour sa bravoure au Bois-Brûlé en lançant le cri « Debout les morts ! », ce cri par lequel le maire Michel Jammes a précisé que la cérémonie du 11 novembre célèbrera toujours les morts et les vivants.
Reportage William Barbier
Le moment est toujours empreint de gravité lorsque les drapeaux patriotiques s’abaissent à l’injonction « Aux Morts ! » et que l’Harmonie Réveil Sigean entame la Marseillaise. Le moment est tout aussi poignant quand les musiciens accompagnent la chorale entonnant le chant Les Dragons de Noailles sous la direction de Lionel Torra. Pour poursuivre ce nécessaire devoir de mémoire, la municipalité a rectifié la plaque portant les noms des Morts pour la France. Récemment, c’est à l’unanimité que le conseil municipal a décidé qu’une artère de la commune soit nommée Docteur Louis Conte qui, grâce à son initiative et son héroïsme, a permis en 1916 de sauver le fort de Souville, dernier rempart de Verdun.
Michel Jammes, maire de Sigean, le confirmait ce 11 novembre devant le Monument aux Morts, regrettant que le Traité de Versailles signé le 28 juin 1919 n’a pas permis à ce que ce soit la « der des der ». Ce n’est pas à Sigean que l’oubli risque de s’installer, pour preuve, lors de la cérémonie de ce 11 novembre, une initiative du Souvenir Français présidé par Dominique André : le passage du drapeau à un jeune. Le porte-drapeau Michel Raulier a remis son drapeau à Louis Torra, 15 ans, devenant ainsi son suppléant et, à terme, son successeur. Les enfants du Conseil Communal Jeune ont déposé des bougies au pied du Monument aux Morts dans le cadre de la Flamme de l’Espoir, lu le message de la secrétaire d’Etat Geneviève Darrieussecq, cité le nom des 105 Sigeanais Morts pour la France, le nom des 10 Sigeanais Morts pour la France lors du 2e conflit mondial, des 3 tombés en Indochine et, selon les consignes gouvernementales, procédé à l’appel des 5 soldats français Morts pour la France en 2019, et assisté le maire pour le dépôt de la gerbe de la municipalité.
« Armistice », du latin « arma » (arme), et « statio » (immobilité), un mot qui théoriquement met fin aux combats lors d’une guerre. Le mot « guerre », trop grave pour être banalisé, est utilisé à tout propos. Si la guerre 14-18 se traduit par la perte de quelques 20 millions de morts, il ne faut pas oublier qu’ils ne risquaient pas seulement leur vie, ils avaient la charge de donner la mort, et ce considérable poids moral dont ils étaient chargés devrait être celui de toute la nation aujourd’hui. La victoire militaire est essentielle, mais n’est qu’une partie de la solution, il faut que le combat soit subordonné à un objectif politique menant à la paix.
SIGEAN : « Morts pour la France, hier à Verdun, aujourd’hui au Mali »